Les jeunes au Mali appellent à la fin de pratiques néfastes par des spectacles et des poèmes

MSH
5 min readAug 10, 2018
Lecture par une élève du Centre d’Animation Pédagogique (CAP) de Sévaré d’un poème sur l’excision

Je ne suis pas d’accord avec l’excision

Je n’ai pas choisi d’être née fille

Alors pourquoi devrais-je souffrir

Par cette ablation que je dois subir

Pour la Journée internationale de la jeunesse, des communautés de par le monde vont appeler à la création et créer des espaces sûrs pour les jeunes afin qu’ils puissent s’exprimer, avoir une influence sur les prises de décisions et avoir des soins de santé et des informations qui soient confidentiels et s’exprimer contre les violations des droits humains. Cette année, la jeunesse a souligné l’urgence de cesser les violences basées sur le genre, les mutilations génitales féminines et le mariage précoce dans le centre du Mali.

Selon le FNUAP, 91 % des femmes et des filles au Mali, âgées de 15 à 49 ans, subissent une forme ou autre de mutilation génitale féminine, une pratique ancrée dans l’héritage culturel, religieux, économique et social des communautés maliennes. Le mariage précoce est également une pratique courante au Mali. L’UNICEF rapporte qu’une fille sur sept est mariée avant l’âge 15 ans et plus de la moitié avant l’âge de 18 ans.

Un nombre de facteurs, comprenant des déplacements de masse et une instabilité persistante, ont laissé les femmes et les filles dans la région de Mopti particulièrement vulnérables. Les décideurs politiques et défenseurs travaillent à l’introduction d’une loi interdisant les mutilations génitales féminines mais un engagement communautaire soutenu et la sensibilisation sont essentiels pour mettre fin à ces pratiques et les jeunes ont un rôle crucial à jouer puisqu’ils en subissent directement les conséquences.

En mai dernier, plus de 200 personnes, parmi elles des leaders régionaux et locaux, des experts techniques et des représentants d’organisations nationales et internationales, se sont rassemblées à Sévaré, dans la région de Mopti au centre du Mali, pour une compétition artistique et culturelle pour inciter les communautés à en finir avec les violences basées sur le genre et d’autres pratiques néfastes.

Organisé par Debbo Alafia en collaboration avec la direction régionale pour la Promotion des Femmes, des Enfants et des Familles et la direction régionale de la Culture de Mopti, l’événement a rassemblé des troupes de théâtre, des élèves et des animateurs radio qui ont joué des sketches et de la musique, ont récité des poèmes et ont transmis des messages dans les langues locales en se concentrant sur le travail de sensibilisation pour mettre fin à ces pratiques néfastes. Un panel composé de cinq personnes a jugé les performances.

Discours de Mme Fatimata Kané, présidente du consortium MSH-CAEB du programme Debbo Alafia et directrice du Programme FCI lors du début de l’événement

Debbo Alafia vise à faire avancer la santé et les droits sexuels et reproductifs des femmes et des enfants dans le centre du Mali. La directrice du programme, Mme. Fatimata Kané, a inauguré l’événement en soulignant les conséquences néfastes des mutilations génitales féminines, du mariage précoce et des violences basées sur le genre. Elle a appelé les leaders à dénoncer ces pratiques et à prendre des mesures pour les arrêter.

Regardez cette courte vidéo : Debbo Alafia : Faire avancer la santé et les droits reproductifs au Mali

Mis en œuvre par MSH et l’organisation locale CAEB et financé par l’ambassade des Pays-Bas à Bamako, Debbo Alafia comprend 20 organisations communautaires multisectorielles qui mènent des activités pour motiver les changements sociaux et de comportements avec pour objectif de faire avancer la santé et les droits sexuels et reproductifs des femmes et des filles dans la région de Mopti dans le centre du Mali.

Veuillez trouver ci-dessous des poèmes écrits par une élève :

Poème sur le mariage précoce

Au nom d’une tradition, c’est dommage.

L’avenir d’une fille est pris en otage

Par une société égoïste et perfide.

Le mariage précoce est un crime avide.

Malgré son âge prématuré,

Le sort de la fille est irrévocable

Car la famille a déjà décidé

Que c’est un homme aimable

Et qu’il sera pour elle, un mari attentionné.

Telle est l’issue du conseil de famille

Qui sonne grave dans l’oreille de la fille

Innocente au regard précoce. Une fille

Devenue comme un objet de famille.

C’est une mauvaise nouvelle.

La douleur du mariage précoce est continuelle

Contre cette décision elle n’ose tourner le dos ou fuir

C’est ainsi que ses études se terminent, triste souvenir.

Et c’est ainsi qu’elle se voit voler son avenir.

C’est ainsi que livrée à une vie de damnation

Elle ne connaîtra jamais les couleurs de l’éducation.

Le mariage précoce, un combat à ne pas fuir

Pour que les drames cessent de sévir !

Faisons face à ces mariages sans amours ni sentiments

Qui dérivent souvent vers le suicide comme sacrement.

Car la mariée fuit les griffes d’une société croque-mort.

Quel triste sort que de chercher le bonheur dans la mort.

Levons-nous et disons non au mariage précoce.

Mettons fin à cette pratique de négoce

Et que plus aucune fille ne soit attachée

De force, à un foyer conjugal dénudé.

Poème sur l’excision

Je ne suis pas d’accord…

C’est une profanation au nom d’une tradition.

Dans la vie des filles, c’est une humiliation.

Je ne suis pas d’accord avec l’excision.

C’est une mutilation criminelle

Voilée en pratique traditionnelle.

La femme n’aura plus de sensations

La femme devient un être sans passion

Elle ne connaîtra pas les plaisirs des émotions fusionnelles.

Je ne suis pas d’accord avec l’excision

Je n’ai pas choisi d’être née fille

Alors pourquoi devrais-je souffrir

Par cette ablation que je dois subir ?

Je ne suis pas d’accord avec l’excision

Arrêtez ! Arrêtez cette pratique infâme !

Arrêtez de bafouer le corps de la femme !

Pourquoi existe-t-il encore ce rite ?

C’est une tradition millénaire mal écrite.

Je ne suis pas d’accord, et je dis non à l’excision

Des fillettes innocentes. Elles ne doivent plus subir ces atrocités.

Épargnez-moi, chères responsables autorités

Épargnez-moi de toutes ces douleurs sans noms

Épargnez-moi de la fistule, du tétanos et autres démons,

Épargnez-moi d’une mort prématurée.

Je ne suis pas d’accord avec l’excision

Et je dénonce cette pratique partout dans le monde

Que toutes ces filles soient libérées de cette mutilation

Afin qu’elles grandissent dans un corps complet.

Alors, tous, disons non à la pratique de l’excision.

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